5.11.2025

Un programme symphonique signé du chef Benjamin Levy pour la prochaine série

Le chef d’orchestre Benjamin Levy, invité régulier de l’Orchestre du Pays Basque, a concocté un programme fascinant pour le concert symphonique « Souvenirs de Paris, musique de scène à la française ». Au carrefour des différents modes d’expression artistique, il offre un panorama des liens qu’entretient  la musique française du tournant du début du siècle avec le théâtre, la danse et la poésie. En avant première il nous décrypte les œuvres, leurs histoires et ses choix pour construire ce programme des plus réjouissants. 

Le début de la musique moderne

« C’est avec la flûte du Faune que commence une respiration nouvelle de l’art musical […]

Cette partition possède un pouvoir de jeunesse qui n’est pas encore épuisé et, de même que la poésie

moderne prend sûrement racine dans certains poèmes de Baudelaire, on peut dire que la musique

moderne commence avec L’Après-midi d’un Faune. » Pierre Boulez

Claude Debussy s’inspire du poème éponyme de Stéphane Mallarmé, paru en 1886, dont il aspire à traduire l’atmosphère. Aussi écrit-il dans une lettre à Henri Gauthier-Villars (« Willy ») datée d’octobre 1896 : « Le Prélude à l’Après-midi d’un Faune ? Cher Monsieur, c’est peut-être ce qui est resté de rêve au fond de la flûte du faune ». 

La volonté de se détacher de la description musicale du poème se retrouve dans la notice de la première édition de l’œuvre : « Ce Prélude est une illustration très libre du beau poème de Mallarmé. Elle ne prétend nullement à une synthèse de celui-ci. Ce sont plutôt les décors successifs à travers lesquels se meuvent les désirs et les rêves du Faune dans la chaleur de cet après-midi ».

Manuel de Falla le plus français des compositeurs espagnols.

Né à Cadix en 1876, Manuel De Falla vécut à Paris entre 1907 et 1914. Il y profite incontestablement des influences de Debussy, Dukas et Ravel. Le compositeur affirmait d’ailleurs : “Je dis qu’en ce qui concerne mon travail, ma patrie est Paris !”. Francis Poulenc, qui fut un de ses amis, va même plus loin en soulignant que “Falla avait retrouvé l’Espagne musicale à travers Debussy”.

C’est donc tout naturellement que ces sept chansons populaires espagnoles (composées l’année suivant son retour de Paris) trouvent leur place dans ce programme frontière entre France et Espagne. Elles seront présentées pour la toute première fois dans une nouvelle orchestration de Joël Merah, commandée par l’orchestre du Pays Basque, et interprétées par la soprano Odile Heimburger. 

Humour et virtuosité avec Jacques Ibert 

En 1927, Jacques Ibert compose la très enjouée et excentrique Musique de Scène du Chapeau de Paille d’Italie pour la pièce d’Eugène Labiche dont il tirera une suite en six mouvements illustrant les moments clés de la narration : Introduction – Cortège – Nocturne – Valse – Parade – Finale.

Ce Divertissement pour Orchestre de Chambre s’inscrit dans la grande tradition de la Musique de Scène à la Française (Songeons à Molière/Lully, aux nombreuses Musiques de Scène des pièces de Sacha Guitry signées André Messager ou encore à l’Arlésienne d’Alphone Daudet et Georges Bizet). Dès les premières mesures la musique révèle un caractère parodique et humoristique, écho des nombreux coups de théâtre de la pièce de Labiche qui raconte les péripéties du jeune Fadinard : Le jour de son mariage, son cheval mange le chapeau de paille d’une femme alors qu’elle « causait avec un militaire ». Craignant la réaction de son mari jaloux, celle-ci exige de Fadinard qu’il trouve un chapeau identique. Cette tâche se révèle plus compliquée que prévue et donne lieu à toutes sortes de rebondissements et de situations hilarantes ou absurdes. Ibert parvient à évoquer cette « fuite en avant » par une écriture virtuose. Les six mouvements du Divertissement se succèdent dans un rythme effréné , multipliant les citations musicales empruntées aux styles les plus différents, allant du music-hall à la valse viennoise, sans oublier cette citation cauchemardesque de la Marche Nuptiale de Mendelssohn.

De la même manière, Erik Satie illustre en 1924 le ballet mythologique Les aventures de Mercure de Léonide Massine et Pablo Picasso. Dans une identique veine surréaliste,  il fut décidé très tôt que Mercure n’aurait pas d’intrigue. Le livret a été attribué tantôt à Massine, tantôt à Picasso. Ils déclaraient vouloir  que le ballet soit une série de « tableaux vivants » sur un thème mythologique, dans un style léger adapté à un music-hall.

CONCERT SYMPHONIQUE « Souvenirs de Paris, musique de scène à la française »

  • Samedi 22 novembre à 20 h à la salle Tanka à Saint-Jean-de-Luz
  • Dimanche 23 novembre à 17h salle Maule Baïtha à Mauléon Licharre 
  • Billetterie et réservation 

AVANT-CONCERT gratuit (sur inscription) en présence du chef et de la soprano pour décrypter les œuvres, le mardi 18 novembre à 18h Salle Molière – Conservatoire Maurice Ravel – Bayonne ou en direct sur le site internet de l’Orchestre.